St Tropez

Un nom glamour pour une cuisine sans chichis à New York

C’est mercredi après-midi au restaurant St Tropez, où l’on se prépare pour le dîner. Au four et au moulin depuis l’ouverture du restaurant-bar à vins début décembre, le patron Yohann Pecheux en profite pour avaler un sandwich au saucisson, tandis que le chef Gérald Barthélémy s’affaire dans la petite cuisine ouverte. “Je n’ai même pas le temps de manger“, sourit Yohann Pecheux.

Originaire du Lavandou, à côté de Saint-Tropez, il s’est associé avec le chef vichyssois et deux autres Français de New York pour apporter ce petit morceau de Provence sur West 4th Street. Doté d’une grande baie vitrée, l’espace lumineux est situé en face de charmantes townhouses et est décoré de bois du plancher au plafond en passant par les tables et les chaises. Ce choix de décor est censé évoquer l’atmosphère chaleureuse d’une ferme provençale. “Le nom de St Tropez est trompeur. Dans la tête des gens, ça évoque le strass et les paillettes. Mais d’où je viens, j’ai grandi avec les valeurs de partage, les grandes tablées et les bons produits. On ne sert pas de magnums de champagne ici“, souligne Yohann Pecheux.

Cela fait plusieurs années qu’il avait le projet d’ouvrir un restaurant à New York. Yohann Pecheux, ancien marin pompier à Marseille et manager d’une brasserie à Aix-en-Provence, a été encouragé par des amis à se lancer dans la Grosse Pomme. Arrivé en 2012, il travaille au bar à vins Aria dans le West Village avant de se plonger dans l’aventure St Tropez. “J’avais de l’expérience, mais les banques ne prêtaient quasiment plus en France. À New York, l’accès au crédit était plus facile et la ville m’attirait“.

Un de ses associés actuels, Fabien Pichard, le met en contact avec Gérald Barthélémy. Ce dernier a déroché une étoile Michelin dans les cuisines des Elysées, restaurant de l’Hôtel Vernet à Paris (rebaptisé Le V). Il débarque il y a deux mois de Montréal, où il dirigeait la cuisine de Taverne Gaspar. Le projet tombe à pic. Venir au pays de l’Oncle Sam était un rêve que le chef et son épouse nourrissaient depuis longtemps. “Aux Etats-Unis, on a quand même une reconnaissance quand on travaille. En France, ça reste la Vieille Europe. C’est impossible pour moi d’ouvrir en France“, assure-t-il.

St Tropez peut accueillir 44 clients en salle et 16 au bar. Le restaurant compte une table communale pour douze personnes placée près de la cuisine. La carte comprend des plats qui sentent bon le Sud (daube provençale, farcis niçois, loup de mer en tapenade, tropézienne…). Aucun plat ne coûte plus de 17 dollars. 45 vins au verre figurent au menu. “Rien ici ne vient de Restaurant Depot (centrale d’achat pour les restaurants à New York, ndr)“, souligne Yohann Pecheux. “On a préféré réduire nos marges et offrir un produit de qualité. Le camembert vient de Normandie, le cheddar d’Angleterre, la fourme d’Ambert provient d’Ambert… J’ai retrouvé ici ce côté un peu Rungis de proximité avec les vrais fournisseurs, ajoute Gérald Barthélémy. En 20 ans, en allant manger à droite à gauche, on s’est tellement senti insulté qu’on ne voulait pas refaire la même chose à nos clients“.

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New York

St Tropez

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